Le Foyer Arnaud Courtelarre est une structure annexe de l’Ermitage Lamourous (ADGESSA). Le foyer accueille des jeunes filles en difficultés sociales et familiales, placées par la justice ou l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE). Elles sont prises en charge au quotidien dans cette institution. Le travail tout au long de l’année est de garantir leur sécurité morale et physique et de construire leur projet professionnel.
De nos jours, l’insertion dans le monde du travail pour un jeune est de plus en plus difficile (contexte de crise). La jeunesse d’aujourd’hui n’a pas une vision du travail très positive. Comment s’inscrire dans un projet professionnel quand le travail ne fait pas valeur ? Le constat est encore plus visible auprès du public accueilli dans notre structure : nous accueillons des jeunes filles en difficultés scolaires, voir même en échec scolaire ou déscolarisés. Le contexte familial des jeunes accueillis s’inscrit dans une réalité tout aussi difficile : pères, mères absents, sans emploi, vivant des aides sociales….la problématique des jeunes filles est ainsi renforcée puisqu’elles ont peu ou pas de références positives concernant le travail.
Le projet vise donc à amener les jeunes filles dans une réalité de travail, de manière très concrète. Celles-ci sont pour la majorité mineures ce qui appuie la difficulté à trouver un travail saisonnier. Elles sont également souvent stigmatisées par l’image que renvoit « les jeunes placés en foyer ». Les jeunes filles sont souvent associées à des délinquantes, des jeunes déviantes et perturbées. Cette image ne correspond pourtant pas à la réalité. Nous sommes implantés dans le centre ville de Bordeaux, nous souhaitons inscrire le projet localement. Nos recherches se sont tournées vers le travail agricole dans la région. Dans le cadre de notre mission, nous devons continuer de les encadrer dans le quotidien, même à l’extérieur de la structure.
Le projet a concerné huit (en 2012) et onze jeunes filles volontaires du foyer Aranud Courtelarre et du foyer La Passerelle (Eysines). Elles ont donc travailler dans « l’épuration » et le « castrage » du maïs dans le département des Landes, sur une période de trois semaines en juillet. Nous nous sommes associés avec un employeur, Euralis, pour construire ce projet. Nous l’avons rencontré à plusieurs reprises pour rendre possible ce projet dans ce contexte particulier de prise en charge. Nous avons, ainsi, établi une convention avec l’employeur, nous permettant de travailler et d’accompagner les jeunes sur le terrain.
Ces dernières étaient guidées par des éducateurs durant tout le projet afin de les soutenir. Elles étaient, donc, hébergées dans deux mobiles home la première année et dans trois petits gites la deuxième année. Trois éducateurs spécialisés étaient donc présents quotidiennement pour :
- travailler avec les jeunes filles dans les champs, les accompagner au plus près dans leur travail. Assurer les transports sur les différents lieux de travail (les zones de castrage de maïs sont différentes chaque jour).
- Les encadrer au quotidien, en dehors des temps de travail (les jeunes devaient s’occuper des repas, des tâches ménagères….)
- Assurer la liaison entre les salariés (les jeunes filles accueillies) et l’employeur.
- Rester dans le soutien et s’assurer que les jeunes filles respectaient leur statut de salarié.
Le projet ne comportait pas d’objectifs quantitatifs mais des objectifs qualitatifs de développement des capacités individuelles des participantes :
- première confrontation au monde du travail avec la signature d’un CDD. Prendre conscience de cette réalité, des droits et des devoirs du salarié (lecture des conditions d’embauche, des différents articles du contrat de travail)
- mettre en valeur les compétences personnelles de chacune et à prendre conscience. Dans un travail fastidieux et physique, se surprendre dans ses capacités. S’inscrire dans un quotidien de travail répétitif
- s’engager dans un contrat, dans la réalisation de ce travail et dans les objectifs imposés par l’employeur
- avoir une reconnaissance de leur travail par le biais d’un salaire
A ces objectifs individuels s’ajoutent d’autres objectifs qualitatifs :
- Collectif : la réalisation de ce travail s’est faite en groupe (avec des jeunes qui vivent ensemble tout le reste de l’année). Cela a permis de travailler autour du respect de chacun et de l’entraide dans un cadre de travail : développer son altruisme.
- Prendre conscience de la valeur de l’argent, à travers la création d’un compte bancaire personnel. Les accompagner dans la concrétisation financière de leur travail (quantité d’heures travaillées = somme d’argent gagnée). S’appuyer sur le fait que la motivation de l’argent et du salaire était le premier objectif des jeunes filles. C’est d’ailleurs sur ce point que s’articulait le projet de départ qui était « gagner de l’argent pendant leurs vacances d’été ».
- Impact sur l’extérieur : revalorisation de l’image des jeunes en foyer (employeurs, intervenants extérieurs).
Ce projet tient à coeur aux jeunes filles du foyer, outre le fait de gagner de l’argent, c’est un accès au monde adulte, à la responsabilisation et à l’autonomisation auquel elles seront bientôt confrontées.
Le projet a été financé cette année par des fonds privés de la part d’AG2R et de la fondation Cassous.
Nous sommes déjà au travail sur la suite à donner au projet pour juillet 2014.
L’équipe éducative du Foyer